Un ruisseau est un cours d’eau à l’échelle de mon âme. Et de la vôtre.
Le mot « cours » évoque la course, le mouvement, le ruissellement, l’approche, le passage et une musique qui, sans être un son de clochettes, s’y apparente toutefois.
Le cours n’est pas une fuite. Il est une venue.
Celui dont je veux aujourd’hui vous entretenir est un lit où l’eau, la roche, le bois, les couleurs et la lumière viennent faire l’amour.
Il est l’union de la danse et de la constance.
Mon ruisseau, dont l’adjectif possessif signale que je lui appartiens, que je suis son sujet, se cache pour être découvert.
Il se dissimule au creux d’un val, ouvert au soleil, prévenant avec les ombres, qu’il a lui-même dessiné, en pente douce, en courbes harmonieuses.
Il est l’enfant au sourire irrépressible, le cœur battant, qui s’est tapi derrière la porte entrebâillée.
Plus que de vous surprendre, il veut rire. Il veut que l’aimiez. Il veut que votre cœur épouse son rythme. Il brûle de l’entendre tintinnabuler.
Mon ruisseau est irisé. Il est bleu, il est gris, il est or. Il est iridescent et nacré. Sa transparence a les couleurs de l’intensité. Son opacité a la moire des secrets limpides. Son noir a l’aspect chatoyant des confidences enfantines de juillet que les gamins de la campagne se chuchotent sous un marronnier.
Mon ruisseau est parfumé. Il a la fragrance de l’humidité. Il a l’arôme des bouquets. Il porte les effluves de la terre mouillée, l’odeur des feuilles et du printemps, la senteur du soleil renaissant et des ombres légères, presque bariolées.
Mon ruisseau marie l’eau fraîche, la pierre chaude et la mousse veloutée.
Mon ruisseau chante. Mon ruisseau tinte.
Il récite par cœur, le sien et le mien, et le vôtre si vous le visitez, une chanson qu’il est encore en train de composer.
Sa mélodie cascade.
Son air est un frisson.
Sa musique est une ondulation
Un flottement
Une audace
Des variations pleines de pudeur.
Ses mots dévalent
Et dégringolent.
Ses notes sont basses
Et haut perchées
Claires
Distinctes
Modulées.
Mon ruisseau rigole
Il déborde de joie
Il a des éclats de rire et de lumière
Sa gaité est un pétillement.
Qui tapote le cœur.
Mon ruisseau est bordé d’un sentier qui remonte, au-delà du sommet de la colline, vers le ciel.
Un chemin qui ne se descend pas.
Jamais.
Descendre, c’est découvrir qu’il existe une rivière qu’il engrosse et qui le perd.
Non, mon ruisseau parle de naissance.
Il appelle à découvrir les lèvres, la source qui l’ont enfanté.
Il est un descendant, un bébé fripé
Ses rides sont une nouveauté.
Quelque part, à flanc de la colline, se trouvent les lèvres trempées dont il est issu
Un goulot qu’il me faudra trouver,
Pour rencontrer le mince filet
Et entendre sa première respiration.
Voilà qui fait le plus grand bien… même en photos.
Vous avez raison : Le poetique sans le virulent, c’est « cucu » et le virulent sans le poetique c’est cynique. Tout est question d’equilibre. Cependant, les evenements qui font l’actualité font
pencher la balance dangereusement…
Mais pour moi, ça reste un plaisir de vous lire, quelle que soit votre humeur du jour.